C’est un de ces soirs trop rares où l’on se retrouve entre vieux copains de jadis, où l’on parle de tout et surtout de rien, mais à notre sauce, et qui fait que l’on prolongerait volontiers le plaisir jusqu’au bout de la nuit. Alain, le plus sage d’entre nous, a repoussé sa chaise parce qu’il devait rentrer, avant de dire: «Si on nous avait enregistrés, on finirait tous en taule», et nous avons ri une dernière fois en lui faisant l’accolade.

Puis, nous sommes restés là, un instant silencieux, méditant nos paroles, mesurant combien nos saillies pouvaient déranger si elles étaient prises au premier degré. Il y avait encore Anthony et Monika, et puis Sébastien aussi. Nous avons embrayé sur autre chose, continué quelques instants à fleurets mouchetés, comme honteux d’avoir été nous-mêmes… Puis nous sommes repartis comme en 14, avec la grosse artillerie, parce que nos angoisses, nos dégoûts, nos convictions s’expriment mieux par la dérision, l’outrance, le contrepied.

C’est l