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Chronique: Et la gamelle est toujours là

Il faut du courage pour enterrer son compagnon. Il en faudra encore pour jeter ses affaires. ©  Marco Giuseppe/Unsplash
Il faut du courage pour enterrer son compagnon. Il en faudra encore pour jeter ses affaires. ©  Marco Giuseppe/Unsplash

Angélique Eggenschwiler

Publié le 26.04.2024

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Il n’a pas fini ses croquettes. Il n’a pas eu le temps. Ni l’envie peut-être: voilà un moment déjà qu’il ne terminait plus ses repas. On continuait à les lui servir le matin et ce matin-là avait la tête de tous les autres. Sauf qu’il n’y en aurait pas d’autres. Trois mois plus tard, la gamelle est toujours là.

Il y a eu quelques larmes en quittant le cabinet du vétérinaire; c’est bête qu’il s’est dit en s’essuyant les yeux, qu’une bête qu’il répète en les posant sur la gamelle. Intacte. Comme s’il était parti hier, comme s’il allait revenir demain, se glisser à travers la chatière et s’étirer sur le tapis. On croirait l’entendre parfois, l’éclat familier d’une croquette entre ses canines fatiguées, on croirait seulement.

Il est terrible le silence de la gamelle qui vous toise dans la cuisine

Il s’est promis de la jeter. Il va bien falloir, ne serait-ce que pour faire taire les visites qui s’interrogent: «Il est où le chat?» Trois mois qu’elle le dévisage, la ga

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