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Un arbre sur quatre est touché

La sécheresse et la chaleur génèrent de nombreuses pertes en forêt et une moindre repousse. Inventaire

Des mesures devront être prises dans chaque région pour assurer à l’avenir une exploitation durable du bois. © Keystone-archives
Des mesures devront être prises dans chaque région pour assurer à l’avenir une exploitation durable du bois. © Keystone-archives

Yves Duc

Publié le 31.05.2023

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Réchauffement » Les conditions sèches et chaudes ont provoqué depuis 2018 des changements notables dans les forêts suisses. Les arbres morts ou endommagés sont plus nombreux et la repousse est moindre, selon des résultats intermédiaires du cinquième inventaire forestier national.

La cause de cette évolution réside dans la persistance de conditions sèches et chaudes durant la période de végétation, a indiqué mardi l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) dans un communiqué.

L’épicéa va «grimper»

A mi-parcours de l’actuel cinquième Inventaire forestier national (IFN5), soit les années 2018 à 2022, deux tendances nettes se dégagent. Premièrement, le nombre d’arbres morts et endommagés a augmenté, ce qui modifie le mélange des essences au niveau régional.

Un arbre sur huit est mort et un sur quatre endommagé, a précisé le WSL. L’épicéa, l’essence la plus importante économiquement et la plus abondante en Suisse, a reculé dans le Jura, sur le Plateau et dans les Préalpes. Il faut s’attendre à ce qu’il se déplace à plus haute altitude, selon le rapport. Au sud des Alpes, le châtaignier subit des pertes.

La population de frênes, troisième essence feuillue la plus fréquente, est partout en fort recul en raison d’une maladie fongique. La sécheresse influence également la croissance des arbres. Le volume de bois qui se renouvelle chaque année est plus faible qu’il y a cinq ans.

Jeunes arbres plus rares

Deuxièmement, dans un nombre croissant de forêts, les jeunes arbres se font plus rares. En moyenne, cette tendance concerne un quart des forêts de toute la Suisse, mais davantage les Alpes et en particulier le sud des Alpes. Elle n’est pas directement liée à des phénomènes météorologiques extrêmes.

Lorsque le rajeunissement fait défaut, les forêts se rétablissent beaucoup plus lentement après des perturbations telles que des tempêtes ou des attaques de scolytes. Elles ne peuvent remplir à nouveau les prestations attendues d’elle – par exemple la protection contre les dangers naturels – que bien plus tard.

Enfin, ces résultats intermédiaires présentent des différences régionales marquées, souligne le WSL. Dans certaines régions, le paysage forestier a connu des changements importants en peu de temps. En particulier à proximité des zones d’habitation, où les arbres morts peuvent représenter un danger pour les promeneurs, les propriétaires ont dû intervenir fortement. Ils ont par ailleurs évacué les épicéas infestés par les scolytes afin de limiter la propagation de ces derniers.

Beaucoup de bois sur pied

En de nombreux endroits, les clairières sont donc plus grandes qu’après une récolte de bois régulière. La tendance est d’y replanter des essences mieux adaptées au climat futur.

Malgré les défis actuels, le volume de bois sur pied reste élevé en Suisse, conclut cette analyse. La surface forestière totale a augmenté de 0,2%.

Une planification différenciée au niveau régional devrait permettre d’identifier les peuplements forestiers les plus sensibles au climat et d’engager des mesures pour que les fonctions forestières, y compris l’exploitation durable du bois, soient assurées à l’avenir, selon les auteurs.

Exploiter davantage?

Il s’agit par exemple d’examiner si, exceptionnellement et pour une période donnée, il convient d’exploiter davantage de bois dans certaines régions. En altitude et au sud des Alpes également, il faut des mesures d’adaptation pour que les forêts denses et peu exploitées puissent se régénérer.

L’Inventaire forestier national (IFN) est un projet commun à long terme de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et de l’Institut WSL. Sur la base de relevés par échantillonnage réalisés sur environ 6600 placettes, cet inventaire fournit tous les neuf ans des résultats complets. ats

https://www.lfi.ch/index-fr.php

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