La Liberté

Musique électro refrénée

Les collectifs fribourgeois de musique électronique tentent tant bien que mal de dynamiser la vie nocturne. Mais quels obstacles les en empêchent?

Environ mille personnes sont venues danser au Passage Festival qui s’est déroulé le week-end du 20 et 21 mai. © Adrien Perritaz
Environ mille personnes sont venues danser au Passage Festival qui s’est déroulé le week-end du 20 et 21 mai. © Adrien Perritaz

Patrick Horta

Publié le 24.06.2023

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Culture » Récemment, le collectif Point76 a fait taper du pied près de mille personnes à son Passage Festival à Bluefactory. «Un bilan très positif, malgré les difficultés habituelles», selon Vitantonio Losito, 26 ans et membre du collectif. Quelles sont donc ces «difficultés habituelles» qui rendent la tâche si compliquée aux collectifs fribourgeois?

Horaires pénalisants

Pour Yannick Progin, alias Gimbir, 31 ans et DJ au sein du collectif fribourgeois La Baraque, «le public fribourgeois est très ouvert et réceptif à la nouveauté musicale». Là n’est pas le problème pour lui, mais «quand on compare Fribourg aux villes environnantes, on remarque que les horaires des établissements nocturnes d’ici nous pénalisent».

En effet, de l’ensemble des clubs ou espaces culturels fribourgeois qui collaborent avec des collectifs, seuls Fri-Son et le Mythic permettent de prolonger leurs soirées. «A Berne par exemple, le Kapitel ouvre tous les vendredis et samedis jusqu’à six heures au minimum», évoque Yannick Progin.

«Quand on compare Fribourg aux villes environnantes, on remarque que les horaires des établissements nocturnes d’ici nous pénalisent»
Yannick Progin

Pour leur festival prévu le 16 septembre à Fribourg, les membres du collectif La Baraque ne prévoient pas de prolonger la fête en extérieur au-delà de 22 heures: «On est obligés de faire comme ça pour avoir une bonne image», expliquent-ils. Les horaires représentent donc un de ces points de crispation pour les collectifs qui souhaiteraient voir leurs soirées un peu plus étendues.

Manque de reconnaissance

Léa Romanens, 32 ans et secrétaire générale de Fri-Son, avoue qu’il est aussi «difficile pour un collectif d’être reconnu professionnellement». Elle admet également que la collaboration avec les collectifs est essentielle, notamment par leur apport à la diversité de la scène culturelle fribourgeoise. «Ils sont généralement spécialisés dans un certain style de musique, ce qui aide beaucoup un espace culturel comme Fri-Son à enrichir sa programmation.»

«Les plaintes contre le festival allaient de la critique du niveau sonore et de la répétitivité du rythme à la diabolisation de notre musique»
Vitantonio Losito du collectif Point76

De son côté, Vitantonio Losito du collectif Point76 souligne le fait que la musique électronique «est encore souvent perçue comme une musique de toxicomanes, ce qui rend la reconnaissance en tant que professionnels de la culture compliquée». A titre d’exemple, le collectif Point76 a reçu des plaintes contre leur festival: «Ça allait de la critique du niveau sonore et de la répétitivité du rythme à la diabolisation de notre musique», explique Vitantonio Losito. «Ce sont des préjugés violents contre la musique électronique qui, en plus d’être présente à Fribourg, est très demandée par les jeunes.»

À l’heure où Blick considère Bulle «plus tendance que Fribourg», il semble essentiel d’identifier les difficultés qu’ont les collectifs à dynamiser la scène culturelle locale.

instagram : @labaraquecollectif

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