La Liberté

Ma sorcière et mon diable bien-aimés

Parue aux éditions Dargaud en mars 2023, la bande dessinée Witch Club nous emmène vivre les tribulations d’une jeune apprentie sorcière, en quête de sa tante, de ses pouvoirs et d’elle-même.

Nièce de la célèbre Bruja, Norah est une jeune fille à la confiance de soi bien affirmée. ©Dargaud
Nièce de la célèbre Bruja, Norah est une jeune fille à la confiance de soi bien affirmée. ©Dargaud

Kimy Dieu

Publié le 15.05.2023

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Article en ligne – Critique BD » Scénarisée par l’auteur Cédric Mayen et passée sous le crayon de l’illustratrice Sandra Cardona, Witch Club est une bande dessinée qui nous fait le récit de l’aventure mouvementée de la jeune Norah. Nièce de la grande et majestueuse Bruja, puissante sorcière siégeant et présidant le conseil du Witch Club, Norah semble néanmoins décevoir les attentes de son entourage, en se montrant incapable de lancer le moindre sort. Une étudiante incompétente à qui l’on témoigne de l’attention uniquement pour le prestige de sa tante, voilà comment la plupart se plaît à voir Norah. C’est pourtant lorsque la Bruja disparaît sans laisser de traces que sa nièce décide de jouer les enquêtrices. Accompagnée du camarade des plus farfelus qu’est le diable, Norah plongera au cœur des intrigues qui entourent le monde des enfers et les dédales de Ville-Créature, et lèvera le voile sur un secret dont on avait depuis toujours voulu la tenir à l’écart…

Des protagonistes d’enfer

Si l’intrigue de la bande dessinée prend des tournants à la note policière, c’est surtout à travers un duo de détectives étonnants que le lecteur se voit apprécier toute la saveur de l’enquête. Comme les deux faces d’une même pièce, Norah et le diable forment une équipe dont le jeu de contrastes fait ressortir le meilleur de leur complémentarité. En effet, nous sommes bien loin de l’image d’un diable aux atours redoutables et monstrueux, et pourtant, c’est derrière le burlesque et la malice dont le diablotin fait preuve que se cache toute sa puissance, une puissance pourtant rudement encadrée par le caractère intransigeant d’une jeune fille qui n’est pas prête à se laisser manipuler. C’est sur la base de ce trait caractéristique que le personnage de Norah est formidablement réussi. Pointée du doigt par tous, moquée pour son inaptitude à la magie, Norah demeure malgré tout une personne qui n’a pas froid aux yeux. Faisant preuve d’un courage à tout épreuve, celle-ci n’hésite pas s’affirmer, et à mettre une croix sur les rumeurs qui font d’elle une « bonne à rien ». Ainsi, l’alchimie qui naît dans le binôme offre au lecteur la joie d’admirer une complicité teintée à la fois de comique et de sérieux.

Un au-delà à l’aspect cocasse

Les enfers, la terre, le paradis. Si l’au-delà fascine par son mystère, il ne laisse pas l’imagination indifférente, et c’est avec beaucoup d’humour et de gaieté que sont peints les cieux et les abîmes. Une architecture moderne et des infrastructures urbaines font des enfers une véritable cité ayant son organisation propre. Sur les terres de Lucifer, il n’est alors plus étonnant de retrouver des démons aux principes extravagants, fidèles à leurs crédos, des démons joueurs et farceurs ou encore des démons pariant au coin d’un verre avec les âmes des défunts. Toutefois, il ne faut pas se méprendre, si la bonne humeur emplie les rues des enfers, il traîne également des intrigues de démons prêts à tout pour miser leurs cartes et détrôner l’actuel seigneur du royaume souterrain. Une façon de dédramatiser les enfers et d’en faire un vrai coin de paradis, voilà sûrement une vision plus légère et singulière qu’offre la bande dessinée.
 

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