Tout fout l’camp! Qui aurait pu imaginer que le texte de l’auteure des Dix petits nègres soit dépecé de sa forme initiale pour une adaptation plutôt moins que plus heureuse? Qui aurait pu imbriquer à sa mémoire la nouvelle absence de ces particularités comme «oignon» qui perd son «i» et la «maîtresse» son chapeau?

Qui aurait pu penser qu’à l’heure où 10% de la population mondiale se meurt de faim, un ovni du cerveau a décidé de dilapider quelques dizaines de millions de dollars qui ont explosé après trois minutes?

Toucher à des monuments de la littérature pour plaire à une poignée d’indignés offensés, waouh les os de celle qui était surnommée Queen of crime doivent faire des sauts périlleux. Amputer l’orthographe pour faciliter un apprentissage, c’est insulter ces bons professeurs qui ont patiemment posé leur voix durant les dictées et se sont échinés à l’explication de la correction dans la marge d’une feuille quadrillée d’écolier. Accorder autant d’audience à un type se prend pour un nouveau dieu, qui dilapide le fric avec autant de frénésie qu’un joueur de Candy Crush.

Je suis heureuse d’avoir dans ma bibliothèque la «vraie» version d’une des œuvres majeures de Mme Christie. Je pense avec reconnaissance à Mme Schenkel qui m’a enseigné cette orthographe qui ne vieillit pas et j’espère que l’un des milliardaires qui pense mener le monde d’un cui-cui d’oiseau ait la géniale idée de prendre place dans l’une de ses fusées.

Je vous le dis, tout fout l’camp, même Nana Mouskouri vend ses tenues de scène.

Sophie Campiche, Fribourg