Souvent la poésie a accueilli les mots de l’exil, tenté d’arracher les trajectoires migratoires à l’abstraction statistique pour restituer à ces déplacés une dignité, une voix haute. On songe aux Silences d’exil de Marina Skalova, à La Rive opposée de Fabiano Alborghetti. Nourrie elle aussi de récits de vies déracinées, Eva Marzi s’inscrit avec son nouveau recueil dans cette même poétique humaniste et narrative, s’attachant au parcours d’un jeune migrant à travers la mer et l’oubli.

Alborghetti, mémoire de la migration

Après un accident de vélo à Genève, Malik s’éveille, «l’âme éparse». Mais il y a Elle, qui lui rend visite et remonte les sentiers de la mémoire blessée jusqu’à l’hippocampe, partie du cerveau où cavalent les souvenirs d’émotions profondes. Affleurent alors les bribes du passé tunisien, le bonheur des touristes, le leurre des vagues, enfin la traversée, l’amour peut-être.

Remarquée pour l’épure sensible et fragile de son premier