Plage de vie: L’art de la première phrase
François Mauron
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«Longtemps, je me suis couché de bonne heure.» La première phrase d’un roman donne le ton. Mais un pavé comme A la recherche du temps perdu, de Marcel Proust, peut être rebutant. Heureusement, il existe des ouvrages plus courts dont l’incipit n’est pas mal non plus. Florilège. «Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l’Evêque envièrent à Mme Aubain sa servante Félicité» (Flaubert, Un cœur simple). «Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas» (Albert Camus, L’étranger). «Il pleuvait. La voiture cellulaire montait et descendait lentement la route glissante qui suivait les courbes des collines» (Joseph Kessel, L’armée des ombres). «La première chose que je peux vous dire c’est qu’on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ses kilos qu’elle portait sur elle et seulement deux jambes, c’était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines» (Romain Gary, La vie devant soi). Quel que soit votre choix, bonne lecture