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Une domination de vingt ans révolue

Une nouvelle s'est peut-être enfin ouverte dans le tennis masculin © KEYSTONE/EPA/Teresa Suarez
Une nouvelle s'est peut-être enfin ouverte dans le tennis masculin © KEYSTONE/EPA/Teresa Suarez


Publié le 11.06.2024


Vainqueur de Roland-Garros dimanche, Carlos Alcaraz compte désormais trois titres du Grand Chelem à seulement 21 ans.

Avec l'avènement de Jannik Sinner au rang de no 1 mondial et le déclin amorcé de Novak Djokovic, l'ère du "Big 3" n'a jamais été aussi proche de la fin.

La victoire de l'Espagnol, qui est devenu le plus jeune joueur de l'histoire à remporter trois Majeurs sur trois surfaces différentes après ses sacres à l'US Open en 2022 et à Wimbledon en 2023, est d'autant plus impressionnante qu'il était arrivé à Paris dans la peau d'un outsider.

Ses trois seules victoires obtenues sur terre battue ce printemps et les incertitudes entourant son bras droit endolori n'incitaient pas à l'optimisme. Ce succès témoigne donc de la marge dont il dispose sur la grande majorité de ses rivaux lorsqu'il évolue au maximum de ses capacités.

"Le trophée dont je suis le plus fier"

"Remporter Roland-Garros en sachant ce que j'ai traversé... C'est peut-être le trophée dont je suis le plus fier. Il y a eu beaucoup de discussions avec mon équipe, sur si je devais m'entraîner ou pas. Ca a été très difficile pour moi", a-t-il avoué en conférence de presse après la finale.

Une finale lors de laquelle la qualité de retour du Murcien a fait la différence, malgré une bonne performance de Zverev au service (73% de première balle). Les coups d'éclat de l'Allemand en revers, notamment en long de ligne, n'ont pas suffi à contrebalancer l'inventivité d'Alcaraz, nettement supérieur en coup droit. "L'intensité avec laquelle il joue au tennis est différente des autres, il peut faire tellement de choses différentes", a confirmé Zverev devant les médias.

Zverev sans regrets

L'Allemand n'avait toutefois pas autant de regrets qu'après sa première défaite en finale d'un tournoi de Grand Chelem, à l'US Open 2021, où il avait servi pour le trophée face à Dominic Thiem. "J'ai l'impression d'avoir fait tout ce que j'ai pu aujourd'hui", a-t-il affirmé, malgré des moments où il "a joué de malchance".

Mené 2-1 dans le cinquième set, il aurait en effet pu effacer le break réalisé un jeu plus tôt par Alcaraz, mais une double faute de l'Espagnol a été jugée bonne. L'image du "hawk-eye" montrée par certains diffuseurs étrangers aurait sans doute donné tort à l'arbitre de chaise. "C'est comme ça, il a super bien joué, mieux que moi dans les quatrième et cinquième sets", a admis le natif de Berlin, bon perdant.

Il reste qu'à 27 ans, le champion olympique en titre n'a pas "encore" triomphé en Grand Chelem. Il paraît de surcroît difficile de le voir débloquer son compteur à Wimbledon, où il n'a jamais dépassé le stade des huitièmes de finale.

Un nouveau "Big 2"?

Sur le gazon londonien, où les débats commenceront dans trois semaines, la probable absence de Novak Djokovic, opéré au genou droit, devrait faire d'Alcaraz le favori à sa propre succession. Il sera suivi de près par Jannik Sinner, le nouveau numéro 1 mondial.

L'Italien et l'Espagnol forment-ils un nouveau "Big 2" après des années de domination du "Big 3"? S'il est évidemment trop tôt pour l'affirmer, une statistique donne en tout cas une indication claire que le tennis masculin a basculé dans une nouvelle ère. Entre 2006 et 2023, 34 des 36 éditions de l'Open d'Australie et de Roland-Garros avaient en effet été enlevées par Roger Federer, Rafael Nadal et Djokovic (les deux autres par Stan Wawrinka).

Et il faut remonter à 2003 pour retrouver la trace d'une année où aucun des deux premiers trophées du Grand Chelem n'avait été soulevé par un membre du "Big 3". Deux décennies de domination désormais révolue.

ats

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