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Le film "Toxic" de Saule Bliuvaite remporte le Léopard d'Or

La réalisatrice lituanienne Saule Bliuvaite, 30 ans, gagne le Léopard d'or avec son premier film "Toxic" cette année à Locarno. © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
La réalisatrice lituanienne Saule Bliuvaite, 30 ans, gagne le Léopard d'or avec son premier film "Toxic" cette année à Locarno. © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 17.08.2024


Le Festival du film de Locarno voit triompher "Toxic" de Saule Bliuvaite et le récompense par le Léopard d'Or. Il s'agit du premier long métrage de la réalisatrice lituanienne de 30 ans.

Au terme d'un festival de onze jours (7-17 août), Locarno a couronné parmi 17 films en compétition, "Toxic" de Saule Bliuvaite, le premier film de la plus jeune concurrente de cette compétition internationale.

"Toxic" se déroule dans un village industriel sinistre. Pour échapper à sa situation, Maria, 13 ans, s'inscrit dans une école de mannequins, prête à faire de nombreux sacrifices pour perdre quelques kilos afin d'avoir des mensurations parfaites, au péril de sa santé. La réalisatrice lituanienne a suivi un parcours proche de celui de son héroïne.

Parité "volontariste"

Si on en revient à la sélection officielle, la moitié des films retenus ont été réalisés par des femmes, dont quatre premières oeuvres, résultat d'un choix volontariste. "Il y a un déséquilibre structurel, que l'industrie du cinéma et de l'audiovisuel devrait affronter d'une façon non idéologique. Car ce n'est pas quelque chose qu'on peut résoudre avec des conférences et des séminaires", a dit le directeur artistique Giona A. Nazarro à Keystone-ATS.

En choisissant plusieurs premiers films de réalisatrices, il s'agit d'une déclaration de principe: "Elles ne devront pas faire un deuxième ou troisième film - souvent plus difficile à réaliser que le premier - pour être en compétition, car elles y sont déjà."

La force des soeurs

Saule Bliuvaite n'est pas la seule réalisatrice mise en avant cette année à Locarno. Le Prix spécial du Jury est décerné à "Mond" de la réalisatrice kurdo-autrichienne Kurdwin Ayub qui s'intéresse à la reconversion d'une championne d'arts martiaux mixtes (MMA). Le MUBI Award – Prix pour un premier long métrage est lui attribué à "Green Line" de la Française Sylvie Ballyot, un documentaire qui plonge dans un Liban traumatisé par la guerre.

Sans oublier le Prix pour la meilleure mise en scène émergente de la Compétition des cinéastes du présent, remis à Denise Fernandes, une cinéaste tessinoise d’origine capverdienne, pour son film "Hanami", qui questionne l'émigration.

Les femmes, mais en particulier les soeurs étaient également au coeur de deux films iraniens, qui auront marqué cette édition: "Les graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof, avec pour toile de fond les manifestations en Iran il y a deux ans après la mort de l'étudiante Mahsa Amini et "A Sisters' Tale" (Une histoire de soeurs") de Leila Amini, qui dresse le portrait de sa soeur Nasreen, voulant chanter dans un pays, l'Iran, qui l'interdit.

Près de 50 films suisses

Autre tendance de cette 77e édition: avec près de 50 films, jamais autant de créations helvétiques n'avaient été retenues par le Festival du film de Locarno. Parmi eux, "Reinas (Les reines), l'un des deux films pressentis pour représenter la Suisse aux Oscars, de la réalisatrice helvético-péruvienne Klaudia Reynicke: il narre une chronique familiale sur fond d'exil au Pérou.

Les spectateurs ont notamment pu découvrir "Sauvages" du réalisateur valaisan Claude Barras, une fable écologique en "stop motion", dans la forêt tropicale de Bornéo. Inconnu en Suisse romande, mais déjà sélectionné à la Berlinale et repéré en France par les Cahiers du Cinéma, "Le moineau dans la cheminée" des jumeaux zurichois Ramon et Silvan Zürcher propose un huis clos familial oppressant tandis qu'"Electric Child" de Simon Jaquemet emmène le cinéphile dans un thriller de science-fiction où l'IA se fracasse sur la mortalité humaine.

Une pluie de stars

Locarno ne serait rien sans ses stars, même si on n'a vu aucun blockbuster américain cette année sur la Piazza Grande. La réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion a foulé la grande scène après la star bollywoodienne Shah Rukh Khan, qui a drainé les foules.

Le réalisateur mexicain, Alfonso Cuaron, s'est joint lui aux festivals et autres organisations culturelles pour demander publiquement au Conseil fédéral de reconsidérer les coupes de la Direction du développement et de la coopération (DDC), qui amputent notamment la section "Open Doors" du quart de son budget.

Cette édition et ses 225 films, dont 104 premières, aura été la première pour la nouvelle présidente du festival Maja Hoffmann et pour la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider.

Le Prix du public sera remis samedi soir sur la Piazza Grande, ainsi qu'une nouvelle distinction, le Letterboxd Piazza Grande Award. La projection du film "Le Procès du chien" de l'actrice et réalisatrice Laetitia Dosch, second film pressenti pour représenter la Suisse aux Oscars, clôturera cette 77e édition. La prochaine est prévue du 6 au 16 août 2025.

ats

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