Courrier des lecteurs: Le malheur Le Pen

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Une seule famille – père, mère, fille, nièce… et tous les autres, les proches, les affidés, les solidaires, type Bardella – aura semé, avec une obstination digne d’une meilleure cause, le doute et, potentiellement, organisé la ruine future de tout ce que représentent l’Etat de droit et la démocratie en Europe, allant même jusqu’à s’acoquiner avec la tyrannie poutinienne avant le désastre ukrainien. Nous assistons impuissants à ce triomphe après des années d’une lutte sans merci. Une totale absurdité.

Les Polonais, à peine remis d’un tel cauchemar, soit le pouvoir du parti des Kaczynski, nous avertissent par la voix autorisée d’Adam Michnik: il faut des années pour sortir un pays de cette mainmise sur les institutions, et rien n’est plus incertain que de réussir à rétablir un ordre juridique basé sur des valeurs fragiles comme le sont les valeurs démocratiques. Un tricot qui se défait.

En Suisse, le clan Blocher (et l’UDC à sa botte, ou peu s’en faut) n’est pas très éloigné de ce drame qui se joue en France. Il programme depuis des ans le sens de toute bataille politique dans le pays, il faut le dire pour le malheur de celui-ci. Heureusement, il existe encore des barrages face à cette outrageuse puissance, notamment financière.

Mais gardons ceci à l’esprit: nos ennemis sont parfois précieux, ils nous forcent à serrer nos représentations, à revoir nos certitudes, à nous réapproprier nos combats politiques. Impossible de ne pas voir dans la situation française à cause de cette rebattue des cartes – la dissolution trop bien nommée, voulue par Macron – un geste de pure provoc. Eh oui, que l’Europe entière redéfinisse ses buts et ses moyens.